Martin Bruneau (…) ne balaye pas d'un geste trop rapide la question de la représentation et avec elle celle de la ressemblance, et dans la représentation de l'homme, cherche sans cesse les limites de cette reconnaissance possible, jusqu'à quel point peut-on défigurer le modèle sans le démunir de ses formes essentielles qui le rendent identifiables à son spectateur ?

(…) Martin Bruneau s'appuie désormais sur l'éducation visuelle de son spectateur dont on peut présumer qu'il a intégré les dernières mutations possibles de l'image devenue numérique, mais qu'est-ce que la peinture ne pourrait pas faire que l'image numérique rend possible ? Et n'est-ce pas là envisager le problème par le mauvais côté du prisme ? Nous sommes désormais habitués à des images qui se superposent s'intercroisent, des images latentes, des images parasites, et on penserait rapidement que ce soit là le monde de demain dans lequel on vit aujourd'hui, Martin Bruneau se sert ici de notre confusion des genres et nous donne à voir comment le geste du peintre, dans sa simplicité, son immédiateté, renvoie les images pauvres à leur monde d'images pauvres, parce que nous nous sentons autorisé à révéler ici que chacune des toiles de cette nouvelle exposition est obtenue de la plus simple des façons, soit un portrait, figuratif, y coller des bandes de toile adhésive pour décrire un quadrillage, et repeindre sur l'ancienne toile, un nouveau tableau, puis reprendre les bandes adhésives et révéler que derrière la nouvelle toile, l'ancienne a survécu.

 
 
 
____________________________________________________ Martin BRUNEAU      
« Portraits »
 
l'été des arts EN AUXOIS-MORVAN 2008
 
CRANE _Centre de ressources