« Si l’essence de la photographie consiste à écrire ou graver au moyen de la lumière, c’est le photogramme qui exprime le mieux cette essence, tout comme la machine à écrire ne modifie pas essentiellement l’acte de l’écriture dont l’essence s’exprime suffisamment au moyen du stylo ou de la plume.

Nul ne peut nier qu’écrire au clavier ou au crayon, c’est toujours écrire, c’est-à-dire tracer des signes de langage sur un support qui les conserve et rend lisible aux autres ses propres pensées intérieurement proférées et converties en langage verbal. L’essence de l’écriture comme geste et pratique- s’exprime suffisamment dans le fait de tracer des signes de langage sur un support qui le conserve au moyen d’un outil approprié; la variation imaginaire du support et celle de l’outil d’inscription font apparaître des caractères communs aux diverses variétés, si bien que c’est en ceux-ci que s’exprime l’essence de l’écriture. De même, le photogramme exprime l’essence de la photographie, puisque, si l’on fait varier les situations d’impression du papier photosensible (avec ou sans pellicule, avec ou sans appareil), il reste un processus commun qui s’exprime suffisamment dans la pratique et l’objet photogrammique. »
 
 
 
____________________________________________________________ Olivier PERROT  
« Traces de pluie »
 
l'été des arts EN AUXOIS-MORVAN 2008 CRANE _Centre de ressources